Découvrez les secrets de la navigation côtière avec ce guide détaillé sur les cartes, outils, techniques et consignes de sécurité pour les marins.
Maîtriser la navigation côtière : Un guide complet pour les navigateurs du monde entier
La navigation côtière, également connue sous le nom de pilotage, est l'art et la science de naviguer un navire de manière sûre et efficace dans les eaux côtières. Contrairement à la navigation astronomique, qui repose sur l'observation des corps célestes, la navigation côtière utilise des amers, des aides à la navigation (AtoN) et des instruments électroniques pour déterminer la position d'un navire et tracer une route. Ce guide offre un aperçu complet des compétences et des connaissances essentielles requises pour une navigation côtière réussie, applicable aux navigateurs du monde entier.
Comprendre les cartes marines
Les cartes marines sont l'outil fondamental de la navigation côtière. Ce sont des cartes spécialisées qui représentent l'hydrographie (profondeurs de l'eau), la topographie (caractéristiques terrestres) et les aides à la navigation dans une zone spécifique. Comprendre comment lire et interpréter les cartes marines est primordial pour une navigation sûre et efficace.
Éléments clés d'une carte marine :
- Zéro hydrographique : Le niveau de référence pour les profondeurs (sondes) indiquées sur la carte. Les zéros courants incluent le Mean Lower Low Water (MLLW) aux États-Unis et le Lowest Astronomical Tide (LAT) dans certains pays européens. Vérifiez toujours le cartouche de la carte pour identifier le zéro utilisé.
- Sondes : Profondeurs de l'eau à des emplacements spécifiques, généralement exprimées en mètres ou en pieds. Ces profondeurs sont réduites au zéro hydrographique, elles représentent donc la profondeur minimale attendue à cet endroit.
- Lignes de contour (isobathes) : Lignes reliant des points de même profondeur. Ces lignes aident à visualiser la topographie sous-marine et à identifier les dangers potentiels.
- Amers : Éléments facilement identifiables à terre, tels que des montagnes, des bâtiments, des tours et des arbres proéminents. Ces éléments sont utilisés pour les relèvements visuels et la détermination de la position.
- Aides à la navigation (AtoN) : Structures ou dispositifs conçus pour aider les navigateurs à déterminer leur position et leur route. Celles-ci incluent les bouées, les balises, les phares et les amers remarquables de jour.
- Rose des vents : Un diagramme indiquant le nord vrai et le nord magnétique, ainsi que la déclinaison magnétique pour la zone de la carte.
- Échelle de la carte : Le rapport entre la distance sur la carte et la distance correspondante à la surface de la terre. Une carte à grande échelle (par exemple, 1:25 000) montre plus de détails qu'une carte à petite échelle (par exemple, 1:100 000).
Exemple pratique de lecture de carte :
Imaginez que vous naviguez près de la côte de la Sardaigne, en Italie. Votre carte marine indique une profondeur de 5 mètres à un endroit particulier. Le cartouche de la carte indique que le zéro est le LAT (Lowest Astronomical Tide). Cela signifie qu'à la marée astronomique la plus basse, la profondeur à cet endroit ne devrait pas être inférieure à 5 mètres. Vous observez également une bouée rouge marquée d'un feu rouge à éclats. La consultation de votre livre des feux (ou de la carte elle-même si elle contient les caractéristiques des feux) confirme qu'il s'agit d'une marque latérale indiquant le côté tribord d'un chenal en entrant depuis le large, conformément au système de balisage AISM Région A. Par conséquent, vous devez garder la bouée sur votre bâbord (gauche) en entrant dans le chenal.
Outils et techniques de navigation
Une navigation côtière efficace nécessite une combinaison d'outils traditionnels et de technologie moderne. Comprendre les principes derrière ces outils et techniques est crucial pour une détermination de position et un traçage de route précis.
Outils essentiels :
- Cartes marines : Comme nous l'avons vu, elles sont le fondement de la navigation côtière.
- Règle parallèle ou compas à pointes sèches : Utilisés pour transférer des relèvements et des distances sur la carte.
- Compas : Un compas magnétique est essentiel pour déterminer le cap. Un compas de relèvement portatif est utilisé pour prendre des relèvements sur des amers et des AtoN.
- Jumelles : Pour aider à identifier les amers et les AtoN à distance.
- GPS (Global Positioning System) : Un système de navigation par satellite qui fournit des informations de position précises. Cependant, il est crucial de comprendre ses limites et de ne pas se fier uniquement au GPS.
- Sondeur (échosondeur) : Un instrument qui mesure la profondeur de l'eau sous le navire. Utile pour confirmer la position et identifier les dangers potentiels.
- Radar (facultatif mais fortement recommandé) : Un radar affiche les objets autour du navire, même dans des conditions de mauvaise visibilité. Très précieux pour l'évitement des abordages et la navigation dans les eaux resserrées.
- AIS (Système d'identification automatique) : Transmet et reçoit des informations sur les autres navires dans la zone, y compris leur identité, position, route et vitesse.
Techniques de navigation :
- Navigation à l'estime (DR) : Estimer la position d'un navire en fonction de sa route, de sa vitesse et du temps écoulé. C'est une compétence fondamentale qui doit être pratiquée régulièrement.
- Position estimée (EP) : Une position à l'estime ajustée pour les effets estimés du courant et du vent.
- Point : Une position déterminée par l'intersection de deux ou plusieurs lignes de position (LOP). Les LOP peuvent être obtenues à partir de relèvements visuels, de distances radar, de lectures GPS ou de sondes comparées aux profondeurs cartographiées.
- Ligne de position (LOP) : Une ligne sur laquelle le navire est présumé se trouver.
- Relèvement : L'angle entre le nord (vrai ou magnétique) et une ligne vers un objet.
- Distance : La distance à un objet, généralement déterminée à l'aide d'un radar ou de télémètres laser.
- Point par transport : Un point obtenu à partir de relèvements sur un seul objet pris à des moments différents, en tenant compte du mouvement du navire pendant l'intervalle.
Exemple de prise de relèvement visuel et de traçage d'une LOP :
Vous naviguez le long de la côte de la Norvège. Vous observez un clocher d'église proéminent, clairement indiqué sur votre carte marine. À l'aide de votre compas de relèvement portatif, vous prenez un relèvement sur le clocher et trouvez qu'il est de 045° Magnétique. La rose des vents sur votre carte indique une déclinaison magnétique de 3° Ouest. Pour convertir le relèvement magnétique en relèvement vrai, vous devez appliquer la déclinaison : Relèvement Vrai = Relèvement Magnétique + Déclinaison (O est négative, E est positive). Par conséquent, le Relèvement Vrai sur le clocher est de 045° - 3° = 042°. Maintenant, à l'aide de votre règle parallèle, vous transférez le relèvement de 042° de la rose des vents au clocher sur la carte. Vous tracez une ligne s'étendant du clocher le long de ce relèvement. Cette ligne est votre Ligne de Position (LOP). Votre navire se trouve quelque part sur cette ligne.
Comprendre le compas magnétique
Le compas magnétique est un instrument de navigation crucial, surtout dans les situations où les systèmes électroniques tombent en panne. Cependant, il est essentiel de comprendre ses limitations et comment corriger la déclinaison et la déviation magnétiques.
Déclinaison magnétique :
La différence entre le nord vrai (la direction du pôle Nord géographique) et le nord magnétique (la direction vers laquelle pointe l'aiguille nord d'un compas). La déclinaison est causée par le champ magnétique terrestre et varie en fonction de l'emplacement. Les cartes marines indiquent la déclinaison magnétique pour la zone de la carte, ainsi que son taux de variation annuel.
Déviation magnétique :
L'erreur dans la lecture d'un compas magnétique causée par les champs magnétiques du navire lui-même (par exemple, moteur, électronique, coque métallique). La déviation varie en fonction du cap du navire. Une table ou courbe de déviation du compas est utilisée pour déterminer la déviation pour différents caps. Cette table est créée en faisant une régulation du compas. Cela implique de prendre des relèvements sur des objets connus et de les comparer à la lecture du compas pour trouver l'erreur. Ces chiffres sont ensuite compilés pour montrer l'erreur à différents caps.
Correction et décorrection des relèvements compas :
Le mnémonique anglais TVMDC (True, Variation, Magnetic, Deviation, Compass) peut être utile pour se souvenir comment corriger et décorriger les relèvements compas. Lors de la conversion d'un relèvement vrai en relèvement compas (correction), vous soustrayez la déclinaison/déviation Est et ajoutez la déclinaison/déviation Ouest. Lors de la conversion d'un relèvement compas en relèvement vrai (décorrection), vous ajoutez la déclinaison/déviation Est et soustrayez la déclinaison/déviation Ouest.
Considérations sur les marées
Les marées et les courants de marée peuvent affecter de manière significative la position et la route d'un navire, en particulier dans les eaux côtières. Comprendre les schémas de marée et les courants est essentiel pour une navigation sûre.
Hauteur de la marée :
La distance verticale entre la surface de la mer et un zéro de référence (par exemple, le zéro hydrographique). La hauteur de la marée varie en fonction de la phase de la lune, de la période de l'année et de la situation géographique. Les annuaires des marées fournissent les hauteurs de marée prédites pour des endroits spécifiques à différents moments. Il est essentiel de tenir compte de la hauteur de marée prédite lors du calcul du pied de pilote.
Courants de marée :
Le mouvement horizontal de l'eau causé par les forces de marée. Les courants de marée peuvent être importants dans les chenaux étroits, les bras de mer et les estuaires. Les cartes ou tables de courants de marée fournissent des informations sur la vitesse et la direction des courants de marée à différents endroits et moments. Vous pouvez compenser la direction et la vitesse du courant de marée à l'aide de diagrammes vectoriels et d'un calculateur de cap navire ou d'une application.
Exemple de calcul de courant de marée :
Vous planifiez une traversée dans un chenal étroit de la Manche. Vos tables de courants de marée indiquent qu'au moment de votre transit, il y aura un courant de 2 nœuds portant à l'Est. Si vous suivez une route de 000° Vrai à une vitesse de 6 nœuds, le courant poussera votre navire vers l'est. Pour compenser, vous devez suivre une route légèrement à l'ouest de 000° pour contrer l'effet du courant. En utilisant l'analyse vectorielle (ou une application de navigation), vous pouvez déterminer la route à suivre pour maintenir votre trace prévue. La direction du courant (set) est la direction dans laquelle vous êtes poussé par le courant de marée et la vitesse du courant (drift) est la vitesse à laquelle vous êtes poussé.
Aides à la navigation (AtoN) et systèmes de balisage
Les aides à la navigation (AtoN) sont des structures ou des dispositifs conçus pour aider les navigateurs à déterminer leur position et leur route. Celles-ci incluent les bouées, les balises, les phares et les amers remarquables de jour. L'Association Internationale de Signalisation Maritime (AISM) a établi deux principaux systèmes de balisage : l'AISM Région A et l'AISM Région B. Comprendre ces systèmes est crucial pour naviguer en toute sécurité dans différentes parties du monde.
AISM Région A :
Utilisée en Europe, en Afrique, en Australie et dans certaines parties de l'Asie. Dans la région A de l'AISM, les bouées rouges marquent le côté bâbord (gauche) d'un chenal en entrant depuis le large, et les bouées vertes marquent le côté tribord (droit).
AISM Région B :
Utilisée en Amérique du Nord et du Sud, au Japon, en Corée du Sud et aux Philippines. Dans la région B de l'AISM, les bouées rouges marquent le côté tribord (droit) d'un chenal en entrant depuis le large, et les bouées vertes marquent le côté bâbord (gauche). C'est l'opposé de la Région A. La phrase mnémonique anglaise "Red Right Returning" (rouge à droite en rentrant) s'applique à la Région B.
Marques cardinales :
Indiquent la direction des eaux saines par rapport à un danger. Elles sont de couleur jaune et noire et ont des voyants distinctifs. Les marques cardinales nord indiquent que les eaux saines se trouvent au nord de la marque, les marques cardinales est indiquent que les eaux saines se trouvent à l'est, et ainsi de suite.
Marques latérales :
Indiquent les côtés des chenaux. Comme décrit ci-dessus, la Région A utilise le rouge à bâbord, le vert à tribord ; la Région B utilise le rouge à tribord, le vert à bâbord.
Marques de danger isolé :
Indiquent un danger isolé qui a des eaux navigables tout autour. Elles sont noires avec une ou plusieurs bandes rouges et ont deux sphères noires comme voyant.
Marques d'eaux saines :
Indiquent qu'il y a des eaux navigables tout autour de la marque. Elles sont souvent de forme sphérique avec des rayures verticales rouges et blanches.
Systèmes de navigation électronique
Bien que les compétences de navigation traditionnelles soient essentielles, les systèmes de navigation électronique modernes peuvent grandement améliorer la sécurité et l'efficacité. Cependant, il est crucial de comprendre les limites de ces systèmes et de ne pas s'y fier exclusivement.
GPS (Global Positioning System) :
Un système de navigation par satellite qui fournit des informations de position précises. Le GPS est largement utilisé dans la navigation côtière, mais il est important d'être conscient des erreurs et des limitations potentielles. La disponibilité du signal peut être affectée par les conditions atmosphériques, les obstructions ou le brouillage délibéré. Il est conseillé d'avoir des systèmes de secours, comme une deuxième unité GPS ou des outils de navigation traditionnels.
ECDIS (Système de visualisation des cartes électroniques et d'information) :
Un système de navigation intégré qui affiche des cartes électroniques et d'autres informations de navigation sur un écran d'ordinateur. L'ECDIS peut grandement améliorer la connaissance de la situation et réduire la charge de travail. Cependant, il est important d'être correctement formé à l'utilisation de l'ECDIS et de comprendre ses limitations. Les systèmes ECDIS peuvent ne pas disposer d'informations cartographiques à jour.
Radar :
Un système radar transmet des ondes radio et détecte les objets en mesurant le temps que mettent les ondes à revenir après avoir été réfléchies. Le radar est très utile pour détecter d'autres navires, des caractéristiques terrestres et des dangers, même dans des conditions de mauvaise visibilité. Une formation au radar est importante pour interpréter correctement l'image.
AIS (Système d'identification automatique) :
Un système de suivi automatique utilisé sur les navires et par les services de trafic maritime (VTS) pour identifier et localiser les navires en échangeant électroniquement des données avec d'autres navires proches, des stations de base AIS et des satellites. Les informations AIS peuvent être affichées sur l'ECDIS ou d'autres systèmes de navigation, fournissant des informations précieuses sur les autres navires dans la zone.
Planification de la navigation côtière
Une planification minutieuse est essentielle pour une navigation côtière sûre et réussie. Cela inclut :
- Planification de la route : Sélectionner la route la plus sûre et la plus efficace, en tenant compte des profondeurs d'eau, des dangers de navigation, des courants de marée et des conditions météorologiques.
- Préparation de la carte : Examiner et mettre à jour les cartes marines avec les dernières informations, y compris les Avis aux Navigateurs.
- Calculs de marée : Déterminer les hauteurs et les courants de marée pour la traversée prévue.
- Prévisions météorologiques : Obtenir et analyser les prévisions météorologiques pour la zone.
- Planification d'urgence : Élaborer des plans alternatifs en cas d'événements imprévus, tels qu'une panne d'équipement ou des conditions météorologiques défavorables.
Sécurité maritime et procédures d'urgence
La sécurité doit toujours être la priorité absolue en navigation côtière. Les navigateurs doivent être familiers avec les procédures de sécurité de base et les protocoles d'urgence.
- Prévention des abordages : Suivre le Règlement international pour prévenir les abordages en mer (COLREG).
- Signaux de détresse : Savoir utiliser et reconnaître les signaux de détresse, tels que les fusées, les RLS et les radios ASN.
- Procédures d'homme à la mer : Pratiquer régulièrement les exercices d'homme à la mer.
- Lutte contre l'incendie : Savoir utiliser l'équipement et les procédures de lutte contre l'incendie.
- Procédures d'abandon du navire : Savoir comment abandonner le navire en toute sécurité et utiliser l'équipement de survie.
Conclusion
Maîtriser la navigation côtière nécessite une combinaison de connaissances théoriques, de compétences pratiques et de bon jugement. En comprenant les cartes marines, en utilisant efficacement les outils de navigation, en tenant compte des effets de la marée et en employant judicieusement les systèmes de navigation électronique, les navigateurs peuvent naviguer dans les eaux côtières en toute sécurité et efficacité. L'apprentissage continu et la pratique sont essentiels pour maintenir ses compétences et garantir une expérience de navigation sûre et agréable, où que vous naviguiez dans le monde. N'oubliez pas de toujours donner la priorité à la sécurité et d'être préparé aux événements imprévus. Bonne navigation !