Guide complet sur la signalisation d'urgence en mer : techniques, équipement et bonnes pratiques pour les situations de détresse, conformes aux normes internationales.
Signalisation d'urgence en mer : Guide complet pour les navigateurs du monde entier
L'immensité de l'océan offre des opportunités sans précédent, mais présente également des risques inhérents. Les urgences maritimes peuvent survenir de manière inattendue, exigeant une action rapide et décisive. Une signalisation d'urgence en mer efficace est primordiale pour alerter les autorités de sauvetage et les navires voisins de votre détresse, augmentant considérablement vos chances de survie. Ce guide complet couvre les aspects essentiels de la signalisation d'urgence en mer, en conformité avec les normes et réglementations internationales, fournissant aux navigateurs du monde entier les connaissances et les outils nécessaires pour réagir efficacement dans des situations critiques.
Comprendre le Système Mondial de Détresse et de Sécurité en Mer (SMDSM)
Le Système Mondial de Détresse et de Sécurité en Mer (SMDSM) est un ensemble de procédures de sécurité, d'équipements et de protocoles de communication convenus au niveau international, utilisés pour accroître la sécurité et faciliter le sauvetage des navires en détresse. Il a été développé par l'Organisation Maritime Internationale (OMI). Le SMDSM intègre des systèmes de radio par satellite et terrestres pour assurer une communication rapide et fiable lors des urgences maritimes.
Les principaux composants du SMDSM incluent :
- Appel Sélectif Numérique (ASN) : Permet d'envoyer et de recevoir des alertes de détresse automatisées.
- Appel de Groupe Amélioré (AGA) : Pour la diffusion d'Informations sur la Sécurité Maritime (ISM), y compris les avertissements de navigation et les prévisions météorologiques.
- Radiobalise de Localisation des Sinistres (RLS) : Transmet automatiquement un signal de détresse avec l'identité et la position du navire.
- Transpondeur de Recherche et de Sauvetage (SART) : Un transpondeur radar qui aide à localiser une embarcation de sauvetage en produisant une série de points sur l'écran radar d'un sauveteur.
- Navtex : Un service international automatisé d'impression directe en moyenne fréquence pour la diffusion d'avertissements de navigation et météorologiques, d'informations de recherche et de sauvetage, et d'autres informations similaires aux navires.
- Inmarsat : Un système de communication par satellite utilisé pour le SMDSM, en particulier dans les zones maritimes A3 et A4 (voir ci-dessous).
- Radio HF, MF et VHF : Pour la communication vocale et de données.
Zones maritimes du SMDSM : Le SMDSM divise les océans du monde en quatre zones maritimes en fonction de la disponibilité de services de communication spécifiques :
- Zone maritime A1 : À portée des stations côtières VHF avec capacités ASN (environ 20-30 milles marins de la côte).
- Zone maritime A2 : À portée des stations côtières MF avec capacités ASN (environ 100-400 milles marins de la côte).
- Zone maritime A3 : Dans la zone de couverture des satellites géostationnaires Inmarsat (environ 70°N à 70°S).
- Zone maritime A4 : Toutes les zones maritimes en dehors de A1, A2 et A3 (régions polaires).
Les navires opérant dans différentes zones maritimes sont tenus de transporter l'équipement SMDSM spécifique approprié à la zone d'opération. Par exemple, un navire opérant uniquement en Zone maritime A1 n'aura pas besoin du même équipement qu'un navire opérant en Zone maritime A4.
Équipement essentiel de signalisation d'urgence en mer
Avoir le bon équipement n'est que la moitié de la bataille ; savoir l'utiliser efficacement est tout aussi crucial. Une formation et des exercices réguliers sont essentiels pour garantir que l'équipage se familiarise avec tous les dispositifs de signalisation d'urgence.
Fusées de détresse
Les fusées sont des signaux de détresse visuels utilisés pour attirer l'attention. Elles sont très efficaces, en particulier la nuit et dans des conditions de visibilité limitée. Il existe plusieurs types de fusées :
- Feux à main rouges : Produisent une flamme rouge vive et se tiennent à la main. Ils ont une durée de combustion limitée (généralement environ 60 secondes).
- Fusées parachutes rouges : Lancées en l'air, elles déploient un parachute, suspendant une fusée rouge vif pendant une période prolongée (généralement environ 40 secondes), offrant une plus grande visibilité.
- Fumigènes orange : Produisent un nuage de fumée orange dense, principalement pour une utilisation de jour.
Considérations importantes pour les fusées :
- Stockage : Stockez les fusées dans un endroit frais, sec et facilement accessible, à l'abri de l'humidité et des températures extrêmes.
- Dates d'expiration : Les fusées ont une durée de vie limitée (généralement 3-4 ans). Vérifiez régulièrement les dates d'expiration et remplacez les fusées périmées.
- Élimination : Éliminez les fusées périmées de manière responsable, conformément à la réglementation locale. De nombreuses autorités côtières proposent des programmes d'élimination des fusées.
- Utilisation : Familiarisez-vous avec les instructions pour chaque type de fusée. Entraînez-vous à utiliser des fusées d'entraînement dans un environnement sûr pour acquérir des compétences.
Exemple : Un navire de pêche en mer du Nord subissant une panne de moteur dans un épais brouillard déploie des feux à main rouges pour alerter les navires à proximité de sa détresse. Les flammes rouges vives percent le brouillard, attirant l'attention d'un cargo de passage qui fournit de l'aide.
Radiobalise de Localisation des Sinistres (RLS)
Une RLS est un équipement de sécurité crucial qui transmet automatiquement un signal de détresse par satellite lorsqu'elle est activée. Elle contient l'identification et la position du navire, permettant une intervention rapide des autorités de recherche et de sauvetage.
Caractéristiques clés des RLS :
- Activation automatique : La plupart des RLS sont conçues pour s'activer automatiquement lorsqu'elles sont immergées dans l'eau.
- Intégration GPS : De nombreuses RLS intègrent des récepteurs GPS pour fournir des informations de localisation très précises.
- Fréquence 406 MHz : Les RLS transmettent sur la fréquence 406 MHz, qui est surveillée par le système satellite COSPAS-SARSAT.
- Signal de ralliement : Les RLS transmettent également un signal de ralliement de 121,5 MHz, qui aide les équipes de recherche et de sauvetage à localiser précisément la balise.
Meilleures pratiques pour les RLS :
- Enregistrement : Assurez-vous que votre RLS est correctement enregistrée auprès des autorités compétentes (par ex., votre administration maritime nationale). Cet enregistrement lie la RLS aux informations de votre navire, permettant une identification et une intervention plus rapides.
- Test : Testez régulièrement votre RLS conformément aux instructions du fabricant.
- Montage : Montez la RLS dans un endroit facilement accessible, à l'abri des obstructions qui pourraient entraver son déploiement.
- Durée de vie de la batterie : Soyez conscient de la durée de vie de la batterie de la RLS et remplacez-la si nécessaire.
Exemple : Un yacht traversant l'Atlantique rencontre une forte tempête et chavire. La RLS s'active automatiquement à l'immersion dans l'eau, transmettant un signal de détresse au système satellite COSPAS-SARSAT. La position du yacht est relayée aux centres de coordination de sauvetage, qui dépêchent une équipe de recherche et de sauvetage sur les lieux.
Transpondeur de Recherche et de Sauvetage (SART)
Un SART est un transpondeur radar utilisé pour localiser les embarcations de sauvetage lors des opérations de recherche et de sauvetage. Lorsqu'il est interrogé par un signal radar d'un navire ou d'un aéronef de recherche, le SART transmet une série distinctive de points sur l'écran radar du sauveteur, facilitant la localisation de l'embarcation de sauvetage.
Fonctionnement du SART :
- Activation : Les SART sont généralement activés manuellement en situation de détresse.
- Réponse radar : Lorsqu'un signal radar balaie le SART, il répond en transmettant une série de douze points équidistants sur l'écran radar, menant directement à l'emplacement du SART.
- Portée : La portée d'un SART dépend de la hauteur de l'antenne radar qui l'interroge, mais elle est généralement de plusieurs milles marins.
Meilleures pratiques pour le SART :
- Emplacement : Gardez le SART facilement accessible dans un sac de survie ou une embarcation de sauvetage.
- Test : Testez périodiquement le SART pour vous assurer qu'il fonctionne correctement.
- Source d'alimentation : Vérifiez la durée de vie de la batterie du SART et remplacez-la si nécessaire.
Exemple : Après avoir abandonné le navire en raison d'un incendie, l'équipage d'un cargo déploie son SART. Un aéronef de recherche et de sauvetage équipé d'un radar détecte la signature radar distinctive du SART, leur permettant de localiser rapidement le radeau de sauvetage et de secourir l'équipage.
Radios bidirectionnelles (VHF et HF)
Les radios bidirectionnelles, en particulier les radios VHF (Très Haute Fréquence), sont essentielles pour communiquer avec d'autres navires, les stations côtières et les autorités de recherche et de sauvetage. Les radios HF (Haute Fréquence) sont utilisées pour la communication à plus longue portée.
Radio VHF pour la communication de détresse :
- Canal 16 (156.8 MHz) : La fréquence internationale de détresse pour la communication vocale.
- ASN (Appel Sélectif Numérique) : Les radios VHF dotées de capacités ASN peuvent être utilisées pour envoyer des alertes de détresse automatisées.
- Identité du Service Mobile Maritime (ISMM) : Chaque navire équipé d'une radio ASN doit avoir un numéro ISMM unique, qui est programmé dans la radio.
Radio HF pour la communication à longue portée :
- Fréquences de détresse : Les radios HF sont utilisées pour la communication de détresse à longue portée, en particulier dans les zones non couvertes par les stations côtières VHF.
- Exigences du SMDSM : Les navires opérant dans les zones maritimes A3 et A4 sont tenus d'être équipés de radios HF.
Meilleures pratiques de communication radio :
- Utilisation appropriée : Apprenez à utiliser votre radio efficacement, y compris comment envoyer un appel de détresse en utilisant la voix et l'ASN.
- Communication claire : Parlez clairement et de manière concise, en utilisant les phrases standard de communication maritime.
- Veille d'écoute : Maintenez une veille d'écoute sur les fréquences de détresse appropriées (par ex., le canal VHF 16) en mer.
- Licences : Assurez-vous d'avoir les licences d'opérateur radio nécessaires et que votre équipement radio est correctement homologué.
Exemple : Un porte-conteneurs confronté à une urgence médicale utilise sa radio VHF pour contacter une station côtière voisine et demander de l'aide. La station côtière relaie l'information à une équipe médicale, qui fournit des conseils et organise la prise en charge du navire par une ambulance au port suivant.
Autres méthodes de signalisation importantes
Bien que les signaux électroniques et pyrotechniques soient cruciaux, ne négligez pas les méthodes traditionnelles qui peuvent être efficaces dans certaines situations.
Signaux visuels
- Pavillon de détresse (Pavillon N sur C) : Cette combinaison de pavillons indique qu'un navire est en détresse et a besoin d'assistance.
- Pavillon carré au-dessus d'un ballon : Un autre signal visuel indiquant une détresse.
- Son continu de la corne de brume : Un son continu de la corne de brume est un signal de détresse reconnu.
- Agitation des bras : Lever et abaisser de manière répétée les bras étendus de chaque côté est un signal visuel de détresse.
Exemple : Un petit voilier perd son mât dans une tempête. Il hisse le pavillon de détresse (Pavillon N sur C) pour alerter les navires à proximité de sa situation. Un cargo de passage aperçoit le pavillon et fournit de l'aide, remorquant le voilier en sécurité.
Signaux sonores
- Son continu de la corne de brume : Comme mentionné ci-dessus, il s'agit d'un signal de détresse reconnu.
- Coups de feu tirés à des intervalles d'une minute : Un signal de détresse traditionnel, bien que moins courant à l'époque moderne.
Comprendre les priorités et les procédures de détresse
Dans une situation de détresse, le temps est essentiel. Comprendre les procédures et les priorités appropriées peut considérablement améliorer vos chances de sauvetage.
Format de l'appel de détresse (Mayday)
Lorsque vous effectuez un appel de détresse, utilisez le format suivant :
- MAYDAY, MAYDAY, MAYDAY (prononcé trois fois)
- Ici (nom du navire, indicatif d'appel, numéro ISMM – prononcé une fois)
- MAYDAY (nom du navire, indicatif d'appel, numéro ISMM – prononcé une fois)
- Position (latitude et longitude ou relèvement et distance par rapport à un point de repère connu)
- Nature de la détresse (ex. : incendie, voie d'eau, urgence médicale)
- Assistance requise (ex. : assistance immédiate, évacuation médicale)
- Nombre de personnes à bord
- Toute autre information pertinente (ex. : description du navire, type de cargaison)
- À VOUS
Exemple : "MAYDAY, MAYDAY, MAYDAY. Ici Navire de Pêche 'Seafarer', Indicatif d'Appel WX1234, ISMM 123456789. MAYDAY Navire de Pêche 'Seafarer', Indicatif d'Appel WX1234, ISMM 123456789. Position 34 degrés 25 minutes Nord, 118 degrés 15 minutes Ouest. Nous avons un incendie dans la salle des machines. Nous avons besoin d'une assistance immédiate. Il y a quatre personnes à bord. À VOUS."
Priorités de détresse
Lorsque plusieurs situations de détresse se produisent simultanément, les priorités suivantes s'appliquent généralement :
- Perte de vie humaine : Les situations impliquant une perte de vie imminente ont la priorité.
- Blessure grave ou maladie : Les situations impliquant des blessures graves ou des maladies sont ensuite prioritaires.
- Naufrage, chavirement ou incendie : Les situations impliquant des navires en train de couler, de chavirer ou en feu sont également hautement prioritaires.
- Autres situations de détresse : Les autres situations de détresse sont traitées en fonction de leur gravité et de leur potentiel d'escalade.
Réglementations et conventions internationales
La signalisation d'urgence en mer est régie par plusieurs réglementations et conventions internationales, garantissant une approche cohérente et normalisée de la sécurité maritime dans le monde entier.
Convention SOLAS (Sauvegarde de la vie humaine en mer)
La Convention SOLAS est le traité international le plus important concernant la sécurité des navires marchands. Elle couvre divers aspects de la sécurité maritime, notamment :
- Exigences du SMDSM : SOLAS définit les exigences en matière d'équipement et de fonctionnement du SMDSM pour différents types de navires et de zones maritimes.
- Engins de sauvetage : SOLAS spécifie les exigences pour les engins de sauvetage, tels que les canots de sauvetage, les radeaux de sauvetage et les dispositifs de flottaison individuels.
- Protection contre l'incendie : SOLAS inclut des dispositions pour les systèmes de protection, de détection et d'extinction d'incendie.
COLREG (Règlement international pour prévenir les abordages en mer)
Le COLREG définit les règles de route en mer, y compris les signaux sonores et lumineux utilisés pour indiquer le statut et les intentions d'un navire. Ces signaux sont cruciaux pour prévenir les abordages, en particulier dans des conditions de visibilité limitée.
Règlements des radiocommunications de l'UIT (Union Internationale des Télécommunications)
Les Règlements des radiocommunications de l'UIT régissent l'utilisation des fréquences radio pour les communications maritimes, y compris les fréquences de détresse et de sécurité. Ils garantissent que les signaux radio sont utilisés de manière efficace, en minimisant les interférences et en maximisant la portée des communications.
Formation et exercices : la clé de la préparation
Avoir le bon équipement est essentiel, mais il est tout aussi important de savoir l'utiliser efficacement. Des formations et des exercices réguliers sont essentiels pour garantir que l'équipage se familiarise avec tous les dispositifs et procédures de signalisation d'urgence.
Exercices réguliers
Effectuez des exercices réguliers pour vous entraîner à utiliser les fusées de détresse, les RLS, les SART et les radios bidirectionnelles. Simulez différents scénarios d'urgence pour préparer les membres de l'équipage à diverses situations.
Cours de formation
Suivez des cours de formation certifiés en sécurité maritime pour en apprendre davantage sur le SMDSM, les techniques de signalisation d'urgence et la survie en mer. Ces cours fournissent des connaissances précieuses et une expérience pratique qui peuvent sauver des vies.
Gestion des ressources de l'équipage (CRM)
La formation CRM se concentre sur l'amélioration des compétences en communication, en travail d'équipe et en prise de décision dans des situations critiques. Un CRM efficace peut améliorer les performances de l'équipage en cas d'urgence et la sécurité globale.
Technologies émergentes en signalisation d'urgence en mer
La technologie évolue constamment, et de nouvelles avancées émergent dans le domaine de la signalisation d'urgence en mer.
RLS de nouvelle génération
Les nouvelles RLS dotées de fonctionnalités améliorées, telles que le Service de Liaison Retour (RLS - Return Link Service), fournissent à l'utilisateur la confirmation que son signal de détresse a été reçu par les autorités de recherche et de sauvetage.
AIS (Système d'Identification Automatique) pour la signalisation de détresse
Certains transpondeurs AIS peuvent désormais être utilisés pour envoyer des alertes de détresse, offrant une redondance supplémentaire et améliorant les chances d'être détecté par les navires à proximité.
Dispositifs de messagerie par satellite
Les dispositifs de messagerie par satellite, tels que les téléphones par satellite et les communicateurs satellitaires bidirectionnels, offrent des options de communication alternatives dans les zones où la couverture radio traditionnelle est limitée.
Conclusion
La signalisation d'urgence en mer est un aspect essentiel de la sécurité maritime, garantissant que les navigateurs disposent des moyens d'alerter les autorités de sauvetage et les navires voisins en cas de détresse. En comprenant les principes du SMDSM, en utilisant l'équipement de signalisation d'urgence essentiel et en respectant les réglementations internationales, les navigateurs peuvent augmenter considérablement leurs chances de survie lors des urgences maritimes. Une formation régulière, des exercices et le fait de se tenir au courant des technologies émergentes sont cruciaux pour maintenir un état de préparation et assurer un voyage en toute sécurité. N'oubliez pas qu'une approche proactive de la sécurité, associée aux connaissances et aux compétences nécessaires pour utiliser efficacement l'équipement de signalisation d'urgence en mer, est la meilleure défense contre les défis imprévisibles de la mer.