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Explorez les grands modèles de langage (LLM) et l'architecture Transformer : histoire, mécanismes et applications.

Grands modèles de langage : à la découverte de l'architecture Transformer

Les grands modèles de langage (LLM) ont révolutionné le domaine du traitement automatique du langage (TAL), permettant aux machines de comprendre, générer et interagir avec le langage humain de manière inédite. Au cœur de ces modèles puissants se trouve l'architecture Transformer, une innovation révolutionnaire qui a surmonté les limites des modèles séquence à séquence précédents. Cet article explore les subtilités de l'architecture Transformer, en examinant son histoire, ses composants principaux et son impact sur le monde de l'IA.

L'essor des modèles séquence à séquence

Avant le Transformer, les réseaux de neurones récurrents (RNN) et leurs variantes, telles que les LSTM (Long Short-Term Memory) et les GRU (Gated Recurrent Units), étaient les architectures dominantes pour les tâches séquence à séquence. Ces modèles traitaient les séquences d'entrée un élément à la fois, en maintenant un état caché qui capturait les informations sur le passé. Cependant, les RNN souffraient de plusieurs limitations :

Le Transformer : un changement de paradigme

En 2017, une équipe de chercheurs de Google Brain a présenté l'architecture Transformer dans leur article fondateur "Attention is All You Need". Le Transformer a complètement abandonné la récurrence pour s'appuyer uniquement sur le mécanisme d'attention afin de capturer les relations entre les différentes parties de la séquence d'entrée. Cette approche révolutionnaire offrait plusieurs avantages :

Composants principaux du Transformer

L'architecture Transformer se compose de plusieurs composants clés qui fonctionnent ensemble pour traiter et générer du texte. Ces composants incluent :

1. Plongement d'entrée (Input Embedding)

La séquence d'entrée est d'abord convertie en une séquence de vecteurs denses à l'aide d'une couche de plongement (embedding layer). Chaque mot ou sous-mot (token) est mappé à une représentation vectorielle de haute dimension qui capture sa signification sémantique. Par exemple, le mot "roi" pourrait être représenté par un vecteur proche des vecteurs pour "reine" et "souverain".

2. Encodage positionnel

Comme le Transformer ne s'appuie pas sur la récurrence, il a besoin d'un mécanisme pour encoder la position de chaque mot dans la séquence. Ceci est réalisé grâce à l'encodage positionnel, qui ajoute un vecteur à chaque plongement de mot qui représente sa position dans la séquence. Ces plongements positionnels sont généralement basés sur des fonctions sinus et cosinus avec différentes fréquences. Par exemple, le premier mot de la phrase pourrait avoir un encodage positionnel différent du deuxième mot, et ainsi de suite.

3. Encodeur

L'encodeur est chargé de traiter la séquence d'entrée et de générer une représentation contextualisée de chaque mot. Il se compose de plusieurs couches de blocs identiques. Chaque bloc contient deux sous-couches :

Chacune de ces sous-couches est suivie d'une connexion résiduelle et d'une normalisation de couche. La connexion résiduelle aide à atténuer le problème de la disparition du gradient, tandis que la normalisation de couche aide à stabiliser l'entraînement.

4. Décodeur

Le décodeur est chargé de générer la séquence de sortie, compte tenu des représentations contextualisées produites par l'encodeur. Il se compose également de plusieurs couches de blocs identiques. Chaque bloc contient trois sous-couches :

Comme dans l'encodeur, chacune de ces sous-couches est suivie d'une connexion résiduelle et d'une normalisation de couche.

5. Couche de sortie

La couche finale du décodeur est une couche linéaire suivie d'une fonction d'activation softmax. Cette couche produit une distribution de probabilité sur tous les mots possibles du vocabulaire. Le mot ayant la plus haute probabilité est sélectionné comme le mot suivant dans la séquence de sortie.

Le mécanisme d'attention : la clé du succès du Transformer

Le mécanisme d'attention est l'innovation principale de l'architecture Transformer. Il permet au modèle de se concentrer sur les parties les plus pertinentes de la séquence d'entrée lors du traitement de chaque mot. Le mécanisme d'attention fonctionne en calculant un ensemble de poids d'attention qui indiquent à quel point chaque mot doit prêter attention aux autres mots de la séquence.

Les poids d'attention sont calculés à l'aide de la formule suivante :

Attention(Q, K, V) = softmax((QK^T) / sqrt(d_k))V

Où :

Les requêtes, les clés et les valeurs sont toutes dérivées des plongements d'entrée. Les requêtes représentent les mots auxquels on prête attention, les clés représentent les mots à partir desquels on prête attention, et les valeurs représentent l'information à laquelle on prête attention. Les poids d'attention sont calculés en effectuant le produit scalaire des requêtes et des clés, en mettant le résultat à l'échelle par la racine carrée de la dimension des clés, puis en appliquant la fonction softmax. La fonction softmax garantit que la somme des poids d'attention est égale à 1. Les poids d'attention sont ensuite multipliés par les valeurs pour produire la somme pondérée des valeurs, qui représente la représentation contextualisée du mot.

Attention multi-têtes

Le Transformer utilise l'attention multi-têtes, ce qui signifie que le mécanisme d'attention est appliqué plusieurs fois en parallèle, chaque tête apprenant différents modèles d'attention. Cela permet au modèle de capturer différents types de relations entre les mots de la séquence d'entrée. Par exemple, une tête pourrait apprendre à prêter attention aux relations syntaxiques, tandis qu'une autre tête pourrait apprendre à prêter attention aux relations sémantiques.

Les sorties des multiples têtes d'attention sont concaténées puis passées à travers une couche linéaire pour produire la représentation contextualisée finale du mot.

Applications des LLM basés sur le Transformer

L'architecture Transformer a permis le développement de LLM puissants qui ont atteint des résultats de pointe sur un large éventail de tâches de TAL. Parmi les applications les plus notables des LLM basés sur le Transformer, on trouve :

L'impact des LLM s'étend bien au-delà de ces applications spécifiques. Ils sont également utilisés dans des domaines tels que la découverte de médicaments, la science des matériaux et la modélisation financière, démontrant leur polyvalence et leur potentiel d'innovation.

Exemples de modèles basés sur le Transformer

Plusieurs LLM de premier plan sont basés sur l'architecture Transformer. Voici quelques exemples notables :

Défis et perspectives d'avenir

Bien que les LLM basés sur le Transformer aient réalisé des progrès remarquables, ils sont également confrontés à plusieurs défis :

Les futures orientations de la recherche dans le domaine des LLM basés sur le Transformer incluent :

Conclusion

L'architecture Transformer a révolutionné le domaine du TAL, permettant le développement de LLM puissants capables de comprendre, de générer et d'interagir avec le langage humain de manière inédite. Bien que des défis subsistent, le Transformer a ouvert la voie à une nouvelle ère de technologies linguistiques basées sur l'IA qui ont le potentiel de transformer diverses industries et aspects de nos vies. Alors que la recherche continue de progresser, nous pouvons nous attendre à voir des innovations encore plus remarquables dans les années à venir, libérant tout le potentiel des modèles de langage et de leurs applications dans le monde entier. L'impact des LLM se fera sentir à l'échelle mondiale, influençant la façon dont nous communiquons, apprenons et interagissons avec la technologie.